Il y a 20 ans, le 28 novembre 2002, après quelques semaines à l’hôpital, Patrick Giros, prêtre du diocèse de Paris, fondateur d’Aux captifs, la libération retournait vers le Père. Il s’est laissé bouleverser par les plus faibles toute sa vie. Il a transmis à l’association dans son action, dans ses écrits, dans ses rencontres l’essentiel de ce qui le mobilisait. Les équipes des Captifs d’aujourd’hui sont héritières de sa vision prophétique, de son élan, de sa manière d’être et de faire. Sa figure est donc une référence.
Patrick Giros est né le 23 janvier 1939, à Paris. Sa proximité avec les blessés de la vie se développe en premier lieu au sein de sa famille : parmi ses dix frères et sœurs, trois étaient porteurs de handicap. Ordonné le 29 juin 1968, son ministère commence comme vicaire à Sainte-Geneviève-des-Grandes-Carrières où il restera 11 ans. En mission auprès des jeunes “blousons noirs”, il est saisi par le spectacle de jeunes en proie à la drogue, et il développe alors l’association Trinité-Vintimille-Anvers-Sacré-Cœur. Nommé en 1979 vicaire à la paroisse Sainte-Jeanne-de-Chantal (Paris 16ème), il est encouragé par le curé, le père Jean-Marie Lustiger, qui deviendra cardinal dès 1981, à creuser son expérience ; il dégage alors les idées-forces de ce qu’il veut être une présence évangélique et ecclésiale dans la rue :
> Une prise en considération de la dimension spirituelle des personnes de la rue.
> L’Église comme porteuse de sacrements et signe de miséricorde pour les exclus.
> Une dynamique de rencontres sur leurs territoires de vie, sous la forme de “ tournée-rue les mains-nues ’’ c’est-à-dire en se donnant soi-même avant de donner quoi que ce soit.
> Un travail social authentiquement humain, centré sur la personne, son histoire, ses ressources, sa liberté.
> Une collaboration entre bénévoles et salariés. Sur ces bases, il fonde l’association Aux captifs, la libération.
À l’église Saint-Gilles-Saint-Leu, dont il devient chapelain en 1983, il déploie l’association au cœur de Paris. Dans les années 90, le Cardinal Lustiger le missionne à plein temps pour les Captifs. C’est l’occasion pour lui de créer deux nouvelles antennes dans les paroisses St-Vincent-de-Paul près de la gare du Nord, et l’Immaculée-Conception près de la place de la Nation. Le 28 novembre 2002 sa vie terrestre s’achève à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière
Patrick était un prophète. Il a secoué l’Eglise qu’il aimait, et aussi les élus et les fonctionnaires de la Ville de Paris ! Aujourd’hui encore, son souvenir reste bien vivant chez les Captifs qui l’ont connu. Si ses justes colères sont restées célèbres, son sourire et son amitié sont gravées dans le cœur des personnes de la rue.
Nous nous sommes donc retrouvés pour célébrer une messe, avec la liturgie de Sylvanès en polyphonie chantée par un chœur, en sa mémoire le 28 novembre dernier à l’église Saint-Leu-Saint-Gilles (Paris, 1er). Une lecture de quelques-uns de ses textes puis un moment convivial plein d’émotions ont suivi.