Dans ce témoignage, Joy nous raconte les événements marquants de sa vie. De son enfance au Nigéria, à sa vie actuelle accompagnée par les Captifs, en passant par les sombres années au Bois de Vincennes ; Joy nous livre son histoire à cœur ouvert.
Joy a aujourd’hui 30 ans et vit en région parisienne. Petite elle vivait à Lagos au Nigeria. Avec une enfance paisible, l’école et même des études de droits. Mais un jour, elle tombe enceinte et doit arrêter ses études. Après la naissance de son fils, la vie se complique, elle doit se débrouiller seule pour élever l’enfant, et surtout elle doit absolument gagner de l’argent. Elle trouve alors un travail dans un bar. C’est là qu’elle fait une rencontre qui va changer sa vie, du moins c’est ce qu’elle croit. L’homme lui propose de l’aider à voyager en Europe « là-bas tu pourras gagner beaucoup plus d’argent pour ton fils » lui dit-il. Même si elle a conscience du danger que cela peut représenter, elle part.
En novembre 2016, elle arrive à Paris et se retrouve Gare de Lyon. Pendant 3 jours, elle dort dehors près de la gare sans vraiment savoir quoi faire. Le troisième jour, elle entend une nigériane parler au téléphone, sans hésiter elle lui dit « ma sœur, je suis nigériane moi aussi, je viens d’arriver, je ne connais personne, aide-moi s’il te plait ». Grâce à cette femme, elle trouve un toit mais très vite on lui explique qu’elle ne va pas pouvoir vivre ici gracieusement, elle va devoir travailler comme les autres.
Trouver du travail sans papiers n’est pas chose facile et est souvent synonyme de « street work » pour les nigérianes. La prostitution dans le Bois de Vincennes commence pour Joy.
Pendant ces quelques années au bois, Joy déteste ce qu’elle fait et n’y va que si elle a vraiment besoin d’argent. « A chaque fois que j’allais au bois je me faisais frapper, parfois voler mon argent et il y avait toujours des hommes vraiment mauvais qui rodaient, j’étais terrifiée » nous raconte -t-elle.
Joy rencontre les Captifs pour la première fois en août 2017 lors d’une tournée-rue dans le bois. Déjà elle est touchée par l’approche des Captifs qui la considère comme une personne à part entière et non comme une prostituée. Elle voulait se rendre à l’antenne, mais en plein mois d’août l’antenne est fermée.
En 2018, deux ans après son arrivée en France, Joy croise à nouveau le chemin des Captifs. Elle rencontre Amel qui deviendra sa travailleuse sociale. De nouveau Joy est touchée par l’approche d’Amel, elle lui fait confiance et lui promet qu’elle viendra à l’antenne. Quelques jours plus tard Joy est allé comme promis à l’antenne Sainte Rita Bakhita et depuis c’est sa « famille de France », elle y vit des moments de bonheur avec les autres personnes accueillies et avec l’équipe de bénévoles et salariés. Joy nous raconte : « avant d’être aux Captifs je ne riais plus, je ne faisais que pleurer et subir ma vie ».
Avec l’antenne, Joy quitte parfois Paris pour se rendre au Mont Saint Michel ou à Lourdes. A Lourdes, Joy a même vécu la guérison de son pied. Cela faisait des mois que son pied était très enflé et aucun médecin ne savait comment le guérir. Grâce au sacrement des malades son pied est re devenu normal au bout de 2 heures et n’a jamais réenflé.
Joy est aussi très reconnaissante de tout ce que les Captifs ont fait pour elle pendant le confinement « ils m’ont appelée tous les jours pour savoir si j’allais bien et si je ne manquais de rien ».
Aujourd’hui elle suit le parcours de sortie de prostitution qui lui donnera accès à des droits spécifiques : autorisation de séjour temporaire avec permis de travail, allocation financière spécifique, priorité pour les demandes d’hébergement.
« Sans les Captifs, je serais encore au bois et peut être morte tant la violence y est extrême ».
©Beax